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Un maraîcher à Roland Garros jus, set et match !

Après une carrière dans la finance, Benoît Jardin s'est installé en 2014 sur la ferme familiale du Perche, en Eure-et-Loir.

Benoît Jardin, agriculteur dans le Perche, a fourni ses jus de légumes à l’une des loges les plus prestigieuses du tournoi de tennis à Roland Garros.

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Il a délaissé quelque temps les terres fertiles du Perche pour celles urbaines et ocres de Roland Garros. Agriculteur du Perche, Benoît Jardin a même eu « la chance », sourit-il, de voir la fin du match et la victoire du joueur français Gaël Monfils, le soir du 30 mai 2023. Le coup d’œil fut toutefois rapide sur les terrains, l’ancien financier est venu seulement sur une journée avant tout assurer le réassortiment en jus de légumes « bio et ultra-frais » de la loge et des tables de son client.

Le maraîcher de 53 ans compte en effet parmi ses partenaires, la société Moët Hennessy du groupe de luxe LVMH. Durant la quinzaine du tournoi, ses compositions à base de fenouil, persil, carotte, épinard, betterave, céleri, gingembre, radis noir et autres légumes rivalisent aux côtés des boissons pétillantes du groupe. « C’est une belle reconnaissance et une grande fierté pour moi de participer à cet évènement », explique-t-il.

© Byjardin - Benoît Jardin produit des jus de légumes qui durant le tournoi de Roland Garros, rivalise dans les loges aux côtés des boissons à bulles de son client Moët Hennessy, du groupe LVMH.

La maladie et les terres

Benoît Jardin revient de loin. Rien ne le prédestinait en effet à devenir agriculteur. Quand il hérite début 2010, de 25 hectares de terres agricoles de son grand-père dans le Perche, il travaille à la Caisse des dépôts et consignations, à Paris. Son père est décédé et des brouilles anciennes entre ses aînés, l’ont peu amené dans ce coin pourtant doté d’une exploitation familiale depuis six générations. Quelques années plus tôt, alors qu’il était étudiant, il est par ailleurs tombé malade. « Je ne faisais pas attention à ce que je mangeais. Mais pour retrouver ma santé, je n’ai pas eu le choix. On m’a fait comprendre qu’il me fallait désormais être très vigilant sur mon alimentation. Avant cela, la nourriture était pour moi purement fonctionnelle : vite, simple et pas chère. J’ai commencé à regarder de près ce que je mangeais et à prendre plaisir aussi à savoir d’où venait la matière première ».

L’aide des aînés

Aussi, au décès du grand-père, une idée germe en lui : « Pourquoi ne pas reprendre l’exploitation agricole ? » En 2014, Benoît Jardin décide de s’installer agriculteur. « J’ai appris sur le tas avec des amis de mon grand-père. J’ai été très très bien accueilli. C’est même grâce à eux si je suis là. Je n’y serai pas allé sans eux. Ça me faisait beaucoup trop peur. J’avais plus de 40 ans, je venais de la ville, d’un autre monde. Ils m’ont toujours soutenu. Plus que ça, ils m’ont montré comment faire et ont fait avec moi, à mes côtés. »

Le maraîcher se souvient même s’être demandé comment les rémunérer quand ils passaient autant de temps à ses côtés. « J’étais très inquiet, je ne voyais pas trop comment j’allais faire. Ils n’ont jamais voulu. « Benoît, tu n’y penses pas : on est là pour s’entraider. » Encore maintenant, à plus de 75 ans, ils sont là, quasiment au quotidien. Ça vous aide à tenir debout ça ».

Depuis, Benoît Jardin a lancé son atelier de transformation où il produit des jus de légumes bio en presse à froid. Il livre sur commande dans toute la France, au Luxembourg, en Belgique et en Espagne.

De l’excellence agricole au bienfait pour la santé

« En 2017, je suis allé voir le chef étoilé Alain Passard, je lui ai fait goûter mes jus qui lui ont tout de suite plu. Je me suis alors lancé dans la commercialisation de mes bouteilles. Jusqu’au Covid, j’ai vendu mes produits en B to B, principalement à Paris dans les palaces comme le Crillon, le Plaza Athénée, le Park Hyatt, Paris Vendôme… Je travaille aussi avec la fashion week et les maisons du groupe LVMH. Au départ, je n’avais pas de contacts privilégiés avec toutes ces personnes. C’est le produit qui a parlé. Je collabore aussi avec des chefs étoilés comme David Toutain, Anne-Sophie Pic, ou encore Matignon, la présidence du Sénat, etc. ».

Quand la crise sanitaire survient, seuls Matignon et le Sénat continuent à passer commandes. « Je me suis dit, je suis fichu. Qu’est-ce que je vais faire de mes légumes ? Dans le même temps, face au virus, on commence très rapidement à beaucoup entendre parler du « mieux manger » ».

Il se lance alors sur internet en proposant des cures de jus de légumes, avec un indice glycémique faible une mise de leur bienfait sur la santé. D’une première gamme d’excellence agricole (Gourmet), il se diversifie avec une autre gamme santé (Byjardin nutrition) qu’il vend auprès de particuliers, le plus souvent sur abonnement. Comme il utilise des bouteilles en verre, il met aussi en place un système de consigne.

Auprès des malades

Pendant la crise sanitaire toujours, Benoît Jardin commence à collaborer avec le centre de traitement du cancer, l’institut Gustave Roussy, à Paris. Il leur livre gratuitement ses jus, aux patients et au personnel. Il agit de même à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière et au Kremlin-Bicêtre, à Paris, ainsi qu’au CHU de Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir où il vit.

« Depuis, je travaille toutes mes gammes avec des médecins pour définir, créer et valider les recettes selon les saisons ». Il collabore également avec le centre européen de médecine, l’institut Rafaël, à Paris. En parallèle, neuf salariés l’ont rejoint depuis sur la ferme, à la production, à la transformation et à la commercialisation. « Nous avons peu de temps pour voir des matchs, sourit-il à nouveau. Mais on  apprécie beaucoup ses moments festifs et sportifs ».

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